L'inconscient en philosophie

En philosophie, penser le sujet, et donc la conscience amène à poser la question de l’inconscient. De son existence premièrement : la pensée est-elle exclusivement consciente? Et, si non comment fonctionne cet inconscient et comment y avoir accès. Cette question n’est pas un simple exercice de pensée mais remet en question toute la notion du 18ème siècle qui avance que l’homme est capable d’être pleinement rationnel. En effet, si l’homme n’est pas maitre de ses pulsions, comment évaluons nous, et en particulier moralement, ses actes? 
Là où Descartes fait une identité entre pensée et conscience, puisque penser et savoir que l’on pense sont deux actes simultanés, d’autres philosophes envisagent le sujet différemment. 
Dès le 17ème siècle, Leibniz s’oppose à Descartes en avançant que nos pensées conscientes ne sont que le résultat de pensées inconscientes, c’est à dire des informations sensibles que l’on reçoit. 
C’est Freud qui va au 19ème siècle s’intéresser à l’inconscient et l’utiliser dans le cadre de sa psychanalyse. En plus du “moi” qui s’assimile à l’entendement de Kant et Descartes, Freud théorise le “surmoi”, c’est-à-dire l’ensemble des injonctions et restrictions parentales puis sociales qui, intériorisées, restreignent le “moi”; et le “ça” : les pulsions. L’interaction entre ces trois strates du sujet relève pour Freud de l’inconscient : refoulement, sublimation des pulsions, actes manqués etc, parfois jusqu’à la névrose. On revient à la question de la responsabilité de l’Homme dans ses propres actes. 
En dehors de la métaphysique de l’inconscient, d’autres philosophes se sont penchés sur les implications sociales de ce concept : c’est le cas de Nietzsche qui dans le Gai Savoir avance que la conscience n’est qu’une conséquence d’une faiblesse de l’homme sur les autres espèces qui, par réflexe grégaire développe la conscience pour se mettre en lien avec les autres hommes et ainsi se protéger. L’inconscient est premier, la conscience seconde. Celle-ci est même pour Nietzsche dangereuse puisqu’elle n’est que simplification de l’inconscient pour le rendre intelligible, ce qui rend la pensée consciente pauvre.
Marx lui aussi est soupçonneux de la conscience, mais ne parle pas d’inconscient individuel, plutôt d’idéologies déterminées par la société qui elles-mêmes déterminent ce qui est conscientisé ou non : « Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience. ». 

Se pencher sur la question de l’inconscient est donc fascinant, non seulement pour comprendre les tendances philosophiques des différentes époques où il a été étudié, mais aussi car il remet en question d’autres concepts qui pourraient être pris pour acquis : la liberté, la responsabilité, la morale, le libre arbitre etc.