La conscience en philosophie

Conscience vient du latin « scientia » (savoir) et de « cum » (avec) et évoque la notion d’accompagnement - elle est le propre des hommes. Grâce à la conscience, une certaine idée de société m’accompagne. En même temps, la conscience me donne une dimension de sujet, unique parmi les autres êtres vivants, à posséder le sentiment de mon existence. De l'injonction de Socrate, « Connais-toi toi-même », à l'impératif catégorique de Kant, les philosophes classiques mettent la conscience au cœur de leurs réflexions : « Qu’est-ce donc que je suis ? Une chose qui pense. Qu’est ce que cela ? C’est bien une chose qui doute, qui connaît, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent » (Méditations Métaphysiques 2). Pascal, lui, réfute l’idée de conscience « substance », qui serait une « chose pensante », et préfère la métaphore du roseau, symbole non seulement de la grandeur de l’homme mais aussi de sa fragilité : « La grandeur de l’homme est grande en ce qu’il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît pas misérable. La pensée fait la grandeur de l’homme […] L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature. Mais c’est un roseau pensant. » La conscience serait ainsi morale et vue comme la propension à se séparer de soi-même pour mieux se "représenter" soi-même. Notre conscience nous définit, aussi bien dans notre dignité que dans notre douleur. D’abord, la conscience implique que nous sommes responsables de nos actions. J’ai pleine conscience de mon existence et de mon unité, malgré la variété de mes sentiments, de mes actions ou de mes désirs. C'est bien pour cela que l'on dit « je » dans toutes les langues et civilisations du monde. Kant nous rappelle d'ailleurs que le plus grand pouvoir de l'homme sur les autres espèces est le fait de s'approprier ce « Je », de pouvoir se le représenter. Cela nous élève au dessus de tous les autres êtres sur terre, c'est cela qui fait notre humanité et qui fait de nous des personnes. C'est l'anthropologie du point de vue pragmatique. Cette capacité à nous identifier dans nos propres actes est indissociable de notre liberté mais c'est aussi une grande source de souffrance. C'est parce que nous sommes conscients de nos actes et de nos pensées que nous devons en répondre devant notre propre jugement mais aussi devant celui des autres, devant les tribunaux humains etc.